Chapitre 27

 

 

Alors que je m’attendais à rencontrer un vampire, je découvris à ma grande surprise que Rodney était une goule. Bones souleva ma mère de la banquette arrière et me la tendit pendant qu’il faisait les présentations. Rodney ne cilla pas. Il devait avoir l’habitude de recevoir chez lui des inconnus ligotés et bâillonnés.

Je remis ma mère sur ses pieds et, tout en l’empêchant de s’enfuir, je serrai la main de Rodney du mieux que je le pouvais.

— Sans vouloir abuser de ton hospitalité, Rodney, peux-tu me dire où est la salle de bains ?

— Rien de plus normal. C’est sur la gauche, me répondit-il avec un sourire.

J’entraînai ma mère avec moi.

— Je reviens tout de suite, Bones. Je vais l’aider à faire un brin de toilette et lui dire deux mots.

— Prends ton temps, ma belle.

Je fermai la porte derrière nous et fis tout de suite couler de l’eau dans la baignoire. Pendant le trajet, j’avais réfléchi à un plan, mais il fallait que ma mère accepte de jouer le jeu. Elle poussait des grognements furieux sous son ruban adhésif. Je soupirai. Même avec l’eau qui coulait, Bones risquait peut-être de nous entendre.

Je regardai le miroir de la salle de bains d’un air méfiant et j’ouvris le robinet d’eau chaude à fond. Très vite, la vapeur envahit la pièce. Bingo.

Avec le doigt, je traçai quelques mots sur le miroir embué :

 

on part demain. ne dis rien

il pourrait t’entendre

 

Elle écarquilla les yeux.

— Il a tué l’homme qui a assassiné papy et mamie, maman, dis-je d’une voix claire. Il ne nous fera aucun mal, ni à toi ni à moi.

À son tour, elle écrivit quelques mots à côté des miens :

 

on part sans lui ?

 

Je fis oui de la tête, même si cette idée me donnait la nausée.

— Je sais que tu détestes les vampires, et je sais que ça va être dur, mais il faut que tu écoutes ce que j’ai à te dire, (il ne le sait pas, sinon il nous en empêcherait, écrivis-je sur le miroir.) Laisse-moi un peu de temps. Tu dois me faire confiance. Notre vie en dépend, (joue le jeu, quoi qu’il arrive.) On va dormir ici cette nuit, et demain on quittera le pays. C’est la seule solution. (Je n’arrêtais pas de me répéter que c’était vraiment la seule solution. Mais c’était plus que je ne pouvais supporter.) Alors ? Tu vas être raisonnable ? Je peux retirer ton bâillon ?

Elle me regarda fixement et écrivit de nouveau sur le miroir :

 

on part sans lui, promets-le-moi

 

— Fais-moi confiance. Je te le promets.

Ma mère acquiesça et j’arrachai le ruban adhésif. Elle jeta un coup d’oeil en direction de la porte mais ne dit pas un mot.

J’attrapai l’une des jolies serviettes de toilette accrochées à côté du lavabo et effaçai les mots sur la glace.

— Essaie d’être aimable quand on sortira.

Bones et Rodney étaient assis autour de la table. Ma mère les regarda méchamment, mais sans rien dire. C’était toute l’amabilité dont elle était capable.

— Il y a deux chambres d’amis, une à l’étage et une au sous-sol, expliqua Rodney.

— Montre-moi celle du sous-sol, répondis-je instantanément.

— Volontiers, suis-moi.

Je pris ma mère par le bras et nous descendîmes l’escalier qui menait au sous-sol. Rodney poussa une porte qui s’ouvrit sur une chambre aussi coquette qu’accueillante. Mais son plus grand attrait tenait au fait qu’elle n’avait pas de fenêtres.

Je poussai doucement ma mère à l’intérieur.

— Tu seras très bien ici, maman.

Elle me regarda ressortir de la pièce avec incrédulité.

— Où t’en vas-tu ?

— Je remonte. Je vais retrouver Bones. Bonne nuit.

Je claquai la porte et regardai Rodney la fermer à clé de l’extérieur avec une satisfaction sinistre. Le simple fait que sa maison dispose d’une chambre au sous-sol avec un verrou extérieur avait de quoi surprendre, mais ce n’étaient pas mes affaires.

Ma mère se mit immédiatement à tambouriner à la porte.

— Catherine ! Tu ne vas quand même pas...

— On en parlera demain, maman, quand on sera seules. Et tiens-toi tranquille, tu excites l’appétit de Rodney.

Je n’avais aucun moyen de vérifier la véracité de cette dernière phrase, mais Rodney me fit un clin d’oeil et émit un gargouillement guttural. Le bruit dans la chambre cessa sur-le-champ.

— Merci, murmurai-je avec gratitude. Elle aurait donné des coups contre la porte toute la nuit.

Il sourit tandis que nous remontions l’escalier. Il verrouilla également la porte du sous-sol et me regarda d’un air entendu.

— Au cas où elle s’énerverait trop.

 

Bones m’attendait dans l’autre chambre d’amis. Je me jetai dans ses bras et m’enivrai de son odeur. Pendant quelques minutes, nous nous tînmes serrés l’un contre l’autre. Égoïstement, j’essayais de graver la sensation de son corps contre le mien. J’avais beau savoir que le seul moyen de le sauver était de le quitter, j’étais déchirée.

— Je t’avais bien dit qu’on survivrait à la nuit dernière, ma belle. Toi tu en doutais, hein ?

— Oui, répondis-je doucement. Mais tu avais raison, et vous êtes tous les deux vivants. C’est tout ce qui importe à mes yeux.

— Pour moi, c’est toi qui comptes plus que tout.

Il baissa la tête et ses lèvres frôlèrent les miennes. Je passai mes bras autour de lui et le serrai si fort contre moi que j’aurais certainement des bleus le lendemain matin.

— Pourquoi pleures-tu ? murmura-t-il.

Je m’essuyai les yeux. Des larmes s’étaient mises à couler sans que je m’en aperçoive.

— Parce que je... je ne pourrai pas supporter qu’il t’arrive quelque chose.

Il m’embrassa.

— Il ne m’arrivera rien, je te le promets.

Moi aussi, je te le promets. D’ailleurs, je vais même parier ma vie là-dessus.

— Je veux que tu saches que malgré tout ce qui s’est passé, je suis vraiment heureuse de t’avoir rencontré, sanglotai-je. C’est la plus belle chose qui me soit arrivée dans la vie. Si je ne t’avais pas connu, je n’aurais jamais su ce qu’on ressent quand on est aimée entièrement. Tu m’as acceptée telle que je suis, y compris les facettes de moi que je détestais. Sans toi, j’aurais vécu une existence vide marquée par la culpabilité, mais tu m’as ouvert un nouvel univers, Bones. Je ne pourrai jamais te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi, mais je te promets de t’aimer jusqu’à mon dernier souffle.

Peut-être se souviendrait-il de cela une fois que je serais partie. Peut-être ne me détesterait-il pas d’avoir fait ce que j’estimais être mon devoir.

— Chaton, gémit-il en m’attirant sur le lit, avant de te connaître, j’avais seulement l’impression de vivre. Tu dis que tu m’aimeras jusqu’à ta mort ? Moi, je veux qu’on s’aime pour l’éternité...

Je maudissais chaque rayon de soleil qui envahissait progressivement la pièce et nous rapprochait du moment fatidique. Bones m’avait déjà dit qu’il allait s’absenter pendant quatre heures avec Rodney pour s’occuper des derniers détails avant notre départ. Tous deux partiraient dans la voiture de Rodney et me laisseraient la Volvo au cas où nous devrions nous retrouver quelque part. Il ne lui restait plus qu’à partir, sans savoir que nous ne nous reverrions jamais.

Rodney, parfait dans son rôle de goule domestique, prépara le petit déjeuner. Pancakes et omelette pour ma mère et moi. Elle mangea sa part sous mon regard menaçant et paraissait au bord de l’étouffement à chaque bouchée. Par politesse, je forçai mon appétit. Je n’avais pas faim du tout, mais je ne voulais pas avoir l’air malpolie. L’une des seules choses qui me consolaient était que Rodney attende que nous ayons fini pour prendre son propre petit déjeuner, qui devait se composer de choses auxquelles je n’avais guère envie de penser.

Je vis Bones se diriger vers la porte. Aussitôt je lui passai les bras autour du cou et j’enfouis mon visage au creux de son épaule.

Je ne peux pas déjà te laisser partir. C’est trop tôt !

— Qu’est-ce qui t’arrive ? dit-il, surpris. Je ne suis pas encore parti que je te manque déjà ?

Je sentis mon coeur se serrer.

— Je ressentirai toujours un manque loin de toi.

Je jouais avec le feu, mais je n’avais pas pu m’empêcher de le dire.

Il m’embrassa avec une tendresse qui me mit à l’agonie. Je le serrai dans mes bras en tentant désespérément de ne pas pleurer. Ça fait si mal ! Comment supporter de te laisser partir ? Comment supporter de te voir passer cette porte ?

Comment pourrais-tu faire autrement ? me souffla la voix de la logique. Tu l’aimes, oui ou non ? Alors prouve-le en pensant d’abord à sa sécurité.

Courageusement, je ravalai mes larmes, tandis que la voix dans ma tête poursuivait : Il vaut mieux en finir maintenant que plus tard. Tu sais que c’est la bonne décision. Il vivra beaucoup plus longtemps que toi et il finira par t’oublier.

Je me dégageai en caressant son visage avec la plus grande douceur.

— Donne-moi ta veste.

Au lieu de prolonger notre étreinte jusqu’au dernier moment, je terminais de clouer mon cercueil. Bones retira sa veste et haussa un sourcil, l’air surpris.

— Au cas où on doive partir et se retrouver quelque part, dis-je en guise d’explication. Il fait froid dehors.

Bones me tendit la veste en jean délavée qu’il portait la veille au moment du gigantesque carambolage sur l’autoroute, et je la pliai sous mon bras. Ses lèvres frôlèrent une dernière fois mon front alors que je me préparais à refermer la porte derrière lui. Tu peux le faire. Laisse-le partir. C’est la seule solution.

— Sois prudent, Bones. S’il te plaît... sois prudent.

Il sourit.

— T’en fais pas, ma belle. Tu n’auras même pas le temps de t’apercevoir que je suis parti.

Je regardai dans le judas bien après que leur voiture eut disparu, puis je tombai à genoux, laissant libre cours à la douleur qui m’étreignait le coeur. Je pleurai jusqu’à en avoir les yeux brûlants et le souffle coupé. Cela faisait tellement plus mal que les balles.

Vingt minutes plus tard, lorsque je me relevai, j’étais une autre personne. Le temps des larmes était passé. J’avais une tâche à accomplir. « Tu joues les cartes qu’on t’a distribuées », avait coutume de dire Bones. Si j’étais née hybride, c’était pour une raison, et j’avais maintenant l’occasion de le prouver. Amenez-vous, les suceurs de sang, tous autant que vous êtes ! La Faucheuse aux cheveux roux vous attend !

Je m’avançai vers ma mère et lui parlai d’une voix grave et sèche. Il fallait commencer par le début.

— Habille-toi, on s’en va. Je vais t’expliquer exactement ce que tu devras dire, et tu as intérêt à ne pas en dévier d’une virgule...

 

L’hélicoptère flottait au-dessus de nous comme un énorme scarabée mécanique. Don Williams insista pour être amené à terre en fauteuil roulant malgré le sol inégal, et dix autres agents se répartirent sur le reste du périmètre. Au milieu de cette scène gisait le cadavre de Switch, contre lequel je m’étais pelotonnée. Je n’avais eu aucun mal à le trouver. Bones m’avait dit l’avoir laissé dans les bois à côté de Cedar Lake. Grâce à mon nouvel odorat, je l’avais localisé dès mon arrivée sur place. Une veste en jean couvrait désormais ses restes décomposés, et un couteau en argent lui sortait du dos de manière grotesque.

Même cloué dans son fauteuil, Don restait aux commandes.

— C’est lui ? demanda-t-il en approchant.

— Oui, c’est lui.

Don regarda le cadavre méconnaissable et fronça les sourcils.

— Ce n’est plus qu’un tas d’os !

— C’est drôle que vous disiez ça, répondis-je d’une voix morne. C’était précisément son nom. Bones.

Le vent froid me fît frissonner et je regardai autour de moi. Le paysage – des arbres nus et une terre froide – était lugubre.

— Puisqu’il était déjà mort, où était l’urgence ? Quand vous avez appelé, vous avez dit que si on n’était pas là au bout d’une heure, vous partiriez parce que c’était trop dangereux d’attendre. On est venus en quarante-cinq minutes, et je n’ai pas l’impression qu’il aurait pu aller bien loin.

Je me levai et me plaçai juste devant son fauteuil roulant.

— Je vous ai demandé de venir parce que hier il m’a dit que des vampires chercheraient à se venger de ce qui s’est passé il y a deux nuits. Oliver avait des amis. Qui plus est, l’équipe n’est pas prête et je ne suis pas en mesure de les affronter toute seule. Je tiens à ma peau, je n’ai pas envie de servir de dîner à un vampire. Il faut que vous nous évacuiez, ma mère et moi. Tout de suite.

— On l’emmène, lui aussi, insista-t-il. On veut examiner le corps.

Je haussai les épaules.

— Si ça vous amuse, mais je vous suggère de faire vite. Les vampires peuvent sentir la chair à des kilomètres. Si vous laissez des hommes sur place pour relever des empreintes sous chaque pomme de pin, vous pouvez être sûr qu’ils y passeront. Don me regarda fixement.

— Pourquoi devrais-je vous croire ?

Je passai la main dans mes cheveux, comme si j’étais gênée.

— Parce que vous êtes moins bête que vous en avez l’air. Ceux parmi vos hommes qui ont été blessés hier doivent aussi être évacués d’urgence. Les vampires vont essayer de leur soutirer des informations, et je suis sûre que ces agents savent des choses que vous préféreriez ne pas partager avec des morts-vivants.

Il me regarda dans les yeux pendant de longues secondes, et je soutins son regard sans ciller. Enfin, sa décision prise, il s’adressa à ses hommes.

— On y va, les gars. Bougez-vous, on part dans cinq minutes ! Que quelqu’un appelle l’hôpital et demande que tous nos blessés soient évacués par hélicoptère. Pas d’information concernant la destination. Stanley, emballe le cadavre, et grouille-toi !

La zone devint une véritable fourmilière alors que les agents s’activaient. Pendant qu’ils terminaient leurs préparatifs, je m’assis à côté de ma mère. Elle mit sa main dans la mienne sans un mot.

— Madame Crawfield. (Don s’approcha de nous, les roues de son fauteuil crissant bruyamment sur le sol.) Désirez-vous ajouter quelque chose aux déclarations de votre fille ? Ne serait-ce qu’un petit détail ?

Ma mère le regarda et secoua la tête d’un air maussade.

— Comment le pourrais-je ? J’étais inconsciente. Cet animal ma frappée, une fois de plus. Lorsque j’ai repris connaissance, Catherine l’avait tué. Il est là, vous n’avez qu’à regarder par vous-même.

Don nous regarda tour à tour. Nous ne réagîmes ni l’une ni l’autre. Il soupira.

— Dans ce cas, mesdames, suivez-moi. L’hélicoptère va nous emmener jusqu’à l’aéroport. On recommence à zéro.

 

Huit heures plus tard, je marchais dans un long couloir de l’hôpital militaire de Houston, Texas. Don était à mes côtés dans son fauteuil roulant.

— Ça y est ? demandai-je.

Il poussa un grognement affirmatif.

— Catherine Crawfield a été officiellement tuée par le FBI alors qu’elle tentait de s’échapper au cours d’un transfert. C’est l’explication qu’on a donnée pour le carambolage d’hier sur l’autoroute. On a mis le cadavre d’une inconnue à votre place.

Je hochai la tête. Mon seul remords concernait Timmie. Il aurait sûrement de la peine en apprenant la nouvelle. Mais peut-être qu’il n’en croirait rien. Après tout, il était du genre à voir des complots partout.

— Et pour le meurtre d’Ethan Oliver ?

Don sourit froidement.

— Crise passagère de violence incontrôlée. Vu la campagne de propagande que menait Oliver, je me suis dit que cela convenait parfaitement.

Contrairement à lui, je ne souris pas, même si j’étais de son avis.

— Tate a demandé à me voir ?

— Dès son réveil. Les médecins y vont mollo sur les calmants antidouleur, sinon il ne serait plus qu’un zombie.

— Il est gravement blessé ?

Cyniquement, j’étais plus curieuse qu’inquiète.

— Il a le nez, les jambes, les bras et six côtes cassés, une clavicule fracturée, des hémorragies internes, quelques écorchures et un taux de fer très bas. Sa convalescence va durer des semaines.

— C’est ce qu’on va voir, marmonnai-je.

Tate Bradley était à peine reconnaissable sous ses plâtres et ses bandages de gaze. Ses yeux papillonnèrent lorsque nous entrâmes dans la chambre.

Je pris une chaise et m’assis.

— Salut.

Je lus dans son regard la douleur intense qu’il ressentait.

— Est-ce que je suis pris dans l’équipe, Cat ?

Sa voix n’était qu’un murmure grinçant, mais ses mots me firent presque sourire.

— Tu es prêt à subir ce genre d’épreuves tous les jours ?

— Bon Dieu, oui, dit-il d’une voix oppressée mais ferme.

Je secouai la tête d’un air sardonique.

— Dans ce cas, félicitations, Tate. Je te déclare officiellement premier membre de mon unité.

Je me levai et me tournai vers Don.

— Appelez une infirmière et demandez-lui de me faire une prise de sang. Au moins un demi-litre. Ensuite, faites une transfusion à Tate.

Don me lança un regard interrogateur.

— Vous ne savez même pas si vous êtes du même groupe sanguin. Il faut d’abord vérifier.

Sa réponse me fit rire.

— Je suis de tous les groupes sanguins. Mon sang est à moitié celui d’un vampire, et ses propriétés ont provisoirement été renforcées grâce au don d’un vampire de deux cents ans d’âge. Mon supplément de force aura disparu d’ici un ou deux jours, alors je vous suggère de l’utiliser tant qu’il est encore efficace. Je vous ai dit que j’en savais plus que vous, alors voici ma première leçon : le sang de vampire a des vertus régénératrices. Il sera sur pied avant demain soir. L’entraînement doit commencer le plus tôt possible. On a du pain sur la planche.

Je relevai ma manche et Don appuya sur la sonnette d’appel.

— Qu’avez-vous d’autre à m’apprendre que je ne sache déjà ? demanda-t-il.

Mes yeux lancèrent des éclairs verts et il resta bouche bée tandis que leur éclat illuminait son visage.

— Vous n’imaginez même pas...

 

Plus tard, une fois installée avec ma mère dans un bâtiment militaire, je m’autorisai à penser à Bones. Cela devait déjà faire plusieurs heures qu’il était revenu chez Rodney et qu’il avait dû voir la lettre que je lui avais laissée. En termes brefs, j’avais essayé de lui expliquer pourquoi je refusais d’avoir de nouveau sur les mains le sang de ceux que j’aimais. Malgré toutes ses ruses et sa prudence, le gouvernement finirait par nous attraper tôt ou tard. L’un des vampires qui s’était échappé nous retrouverait. Ma mère envenimerait notre relation à cause de sa haine et de ses inévitables tentatives d’évasion. Le temps jouerait contre nous, car je vieillirais alors que lui resterait éternellement jeune. Nous devions jouer les cartes qui nous étaient distribuées, lui comme moi. Disputer les batailles que nous pouvions gagner.

Et pourtant, lorsque je finis par m’assoupir, dans cet état de quasi-inconscience où la logique s’évanouit pour laisser place aux rêves, je pouvais presque entendre la voix de Bones. Il me murmurait la même promesse qu’il m’avait faite plusieurs mois auparavant, au début de notre relation, et je me demandai si c’était un signe – et s’il avait vraiment parlé sérieusement.

« Si tu t’enfuis, je te poursuivrai. Et je te retrouverai... »

 



[1] En anglais, raven signifie « corbeau ». (NdT)

[2] En anglais, cat veut dire « chat ». (NdT)

[3] Dans certains États américains, et notamment l’Ohio, l’âge de la majorité pour la consommation d’alcool et l’accès à certaines boîtes ou clubs est fixé à vingt et un ans. (NdT)

[4] Célèbre série américaine des années 1980. (NdT)

[5] En anglais, bones signifie « os » au pluriel. (NdT).

[6] En français, « La Grâce du Ciel ». (NdT)

[7] En français, « Hurle sur le diable ». (NdT)

[8] En français, « Hurle sur le diable ». (NdT)

[9] Extrait de Marmion, de Sir Walter Scott : « What a tangled web we weave, When first we practise to deceive ! » (NdT)

[10] En anglais, spade veut dire « pique » (aux cartes) et aussi « pelle ». (NdT)

[11] Renfield est le nom d’un personnage du roman Dracula de Bram Stoker. (NdT)

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